Le monument Cap 110 est une installation artistique située sur la commune du Diamant, en Martinique. Œuvre majeure destinée à célébrer le 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage en 1998, Cap 110 offre un panorama exceptionnel sur la richesse et la diversité culturelle des Antilles françaises. Dans cet article, nous proposons de découvrir cette œuvre emblématique qui rend hommage aux victimes de l’esclavage et contribue à perpétuer leur mémoire dans nos esprits.
L’installation Cap 110 : une œuvre historique et symbolique
Située au pied du rocher du Diamant, non loin de la plage dite « Anse Cafard », l’œuvre Cap 110 se présente sous la forme d’un groupe de 15 statues représentant des captifs africains. Ces sculptures monumentales de 2,50 mètres de haut sont disposées en triangle, formant ainsi une pyramide inversée. Chaque statue porte une chaîne d’esclave autour du cou, symbole fort de leur destins tragiques.
La genèse de l’œuvre
En 1997, pour commémorer le 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage en France, la ville du Diamant en Martinique passe une commande auprès de l’artiste Laurent Valère pour réaliser une œuvre d’art dédiée à cette histoire. L’artiste conçoit alors un projet monumental pour rendre hommage aux millions de victimes de l’esclavage et leur offrir une place particulière dans le patrimoine culturel martiniquais.
La symbolique de Cap 110
Le nombre 110 fait directement référence au naufrage du navire négrier la Sirène, survenu en 1830. Ce drame a engendré la mort de 46 esclaves africains qui étaient enfermés dans la cale du bateau. Le choix du lieu pour l’installation est également chargé de symboles, puisque l’Anse Cafard correspond au point précis où s’est échouée la Sirène.
L’artiste Laurent Valère, un engagement contre l’oubli
Biographie de Lauren Valère
Né en Martinique en 1959, Laurent Valère est un artiste plasticien autodidacte reconnu internationalement pour ses œuvres monumentales et socio-politiques. Son travail est marqué par une volonté constante de témoigner de l’histoire caribéenne, souvent autrement méconnue ou occultée.
Les autres réalisations de Laurent Valère
Au-delà du célèbre monument Cap 110, l’artiste a également réalisé plusieurs autres installations emblématiques en Martinique et dans les Caraïbes, notamment :
- Les Génies de Saint-Pierre (1992) : œuvre en hommage aux esprits qui protégeraient la ville de Saint-Pierre des catastrophes naturelles.
- Les Enfants des Canoulis (2001) : ensemble sculptural qui rappelle le parcours des enfants du bagne de 1815 à 1852, date de l’abolition de la peine des bagnards mineurs.
Son travail donne régulièrement lieu à des expositions individuelles et collectives en Martinique, en France ou encore au Canada.
Cap 110, un lieu de mémoire et de recueillement
Le monument Cap 110 est devenu rapidement, au fil des années, un lieu chargé d’Histoire et de mémoire. Ses sculptures ont permis de mettre en lumière un pan entier de l’histoire martiniquaise jusqu’alors peu connu du grand public. Cette œuvre percutante incite chacun à se souvenir, méditer et réfléchir sur les terribles réalités qu’ont traversées leurs ancêtres durant la période de l’esclavage et l’impact que cela a eu sur la construction de leur identité.
Des commémorations autour de l’œuvre
Chaque année, plusieurs manifestations culturelles et cérémonies sont organisées à l’occasion du 10 mai, aujourd’hui reconnue comme la journée nationale pour la mémoire des victimes de l’esclavage. Des artistes, des écoles, des associations religieuses et des populations locales viennent ainsi rendre hommage devant ces statues imposantes et imperturbables, qui nous invitent à plonger dans les méandres de l’histoire antillaise.
Un lieu d’accueil et d’échange pour tous
Bien que fortement symbolique, le site du monument Cap 110 est également un endroit propice au partage et aux échanges culturels. Son implantation à proximité immédiate du rocher du Diamant en fait un magnifique écrin naturel, qui attire chaque année de nombreux visiteurs venus des quatre coins du monde.
Ainsi, le Cap 110 perpétue et soutient la mémoire des esclaves, tout en offrant un cadre unique et riche pour les générations futures. Cette œuvre majeure interroge notre responsabilité collective face au passé et met en lumière le devoir de transmission pour lutter contre l’oubli et le déni de l’Histoire.